dimanche 29 mars 2015

Ka mate ka mate, ka ora ka ora

Au musée Te Papa de Wellington, Anne Chouinard et moi avons bien aimé la pieuvre géante et l'exposition sur Shrek le merino. Une exposition qu'elle n'a pas vue cependant, c'est celle sur le haka, la fameuse danse maori. 

La première fois que je l'ai vue (comme bien des gens j'imagine), c'était au rugby. Je me souviens avoir été particulièrement impressionné.

Haka: danse guerrière (entre autre) du peuple maori, un peu l’équivalent de nos amérindiens et donc premiers habitants de Aotearoa, la Nouvelle-Zélande.

Ka Mate: la danse performée avant les matchs par les All Blacks, l’équipe nationale de rubgy néo-zélandaise (ils seraient au rugby - sur la scène internationale - ce que les Yankees sont au baseball ou encore les Habs au hockey). Donc haka, l’ensemble des danses honorifiques maoris, ka mate, une dans particulière.

Voici deux petits vidéos:




Les premiers vers de ka mate sont:

Ka mate, ka mate (Will I die, will I die?)

Ka ora, ka ora (Will I live, will I live?)

Alors qu’il était pourchassé par ses ennemis, le chef maori Te Rauparaha (1760s - 1849, on prononce 'thai-rah-para'. Si vous voulez en savoir plus sur le personnage: http://en.wikipedia.org/wiki/Te_Rauparaha) pu se réfugier dans un village allié. Pour empêcher ses ennemis de le découvrir, le chef du village fit descendre Te Rauparaha dans la cache à nourriture et plaça son épouse devant la porte.

Lorsque ses poursuivants firent irruption dans le village, le sorcier qui les accompagnait ne pu ‘voir’ Te Rauparaha car sa ‘vision’ était bloquée par la présence de l’épouse devant la porte.

(Imaginez-vous les wargs de Game of Thrones qui peuvent se mettre dans la peau d’un animal et ‘voir’ ce qu’il voit. Certaines tribus maoris possédaient apparemment des pouvoirs similaires. Ils devenaient cependant obsolètes lorsque confrontés à une présence féminine, d’où l’astuce du chef du village de placer son épouse devant la porte.)

Pendant ce temps, dans la cache, Te Rauparaha subissait la torture de savoir s’il allait vivre (ka ora) ou mourir (ka mate).

Lorsque ses ennemis partirent, Te Rauparaha émergea et composa le haka qu’on connaît. 'L'homme poilu qui apparaît', dans les vers de la danse est Ta Whareangi, le chef qui le cacha. Ka mate est interprété comme le triomphe de la vie sur la mort.

Il y a aussi toute une histoire fascinante entourant les grands chefs maoris qui durent décider du destin de leur peuple lorsque les européens arrivèrent.

En voyant les portraits de ces hommes sur les murs du Te Papa, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec les grands chefs des tribus amérindiennes tels que Sitting Bull et Crazy Horse qui eurent eux aussi à vivre avec l’énorme poids moral des responsabilités qui venaient avec leur titre et les temps particuliers dans lesquels ils vécurent (lisez sur le traitement des Lakota par les Ricains).

Quelques précautions par contre:

1) Le peuple maori n’apprécie pas qu’on commercialise le haka.

2) La tradition du haka au sein des All Blacks est prise très au sérieux, autant sinon surtout par les joueurs de descendance européenne. La danse est un salut, une invitation à la bataille.

3) Afin d’en préserver l’esprit et la tradition, une entente a été prise entre les maoris et le gouvernement néo-zélandais pour reconnaître la valeur de ka mate et du haka. Les retombées commerciales de son usage ne sont cependant pas versées au Ngati Toa, la tribu du chef Te Rauparaha.

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreEffacer
  2. On en apprend en vous lisant ! Toujours aussi intéressant et amusant! Xx

    RépondreEffacer

Laissez-nous un commentaire!